Difficile de parler de ce moment sans émotion. Quelques mots qui me viennent à l'esprit quand je repense à cet événement historique : ouverture du monde, liberté, démocratie, peuple, retrouvailles, espoir, vérité.
Il y a une vingtaine d'années, une amie, interloquée par le contenu d'une coupelle en bois sur une commode, m'a demandé ce que c'étaient que "ces bouts de gravas ? C'est des morceaux du Mur de Berlin ou quoi ?" - Justement, oui.
Chacun, selon sa génération, gardera en mémoire un événement historique.

Vu de l'Ouest, on imaginait que ce triste édifice de 3,60m de haut et long de plus de 150km était tout simple.
Il n'en est rien : le Mémorial du Mur de Berlin (Gedenkstätte Berliner Mauer) nous ramène à la réalité d'un dispositif militaire élaboré. Dans une enceinte close, une partie du Mur a été conservée. Côté Est-allemand, il existait ainsi 2 murs, séparés d'un no-man's land comportant barbelés, installations anti-véhicule et anti-char (chevaux de frise et fosses), alarmes, miradors, chemin de ronde...

Cet espace, de taille assez modeste en apparence, est juste suffisant pour se faire tirer comme un lapin en cas de tentative de passage à l'Ouest : escalader le premier mur, éviter les barbelés et tous les obstacles, escalader le second mur muni d'un arrondi ingénieux compliquant la tâche, tout cela devient une épreuve insurmontable.

On comprend mieux les nombreuses stratégies, des plus tristement originales parfois, mises en place par les Allemands de l'Est désireux de rejoindre l'autre côté.
Un observatoire "côté Ouest" permet aujourd'hui d'appréhender cette zone de sûreté et d'apprécier le prix et le goût de la liberté en prenant de la hauteur.
L'être humain a tendance à prendre pour acquis ce qui l'a accompagné tout au long de sa vie et qui entre dans la "normalité". Il lui est difficile de prendre conscience de ce qu'il a, tant qu'on ne le lui enlève pas.

En ces jours de commémoration, - magnéto Serge - faisons un petit retour en 1983: alors que la guerre froide battait son plein et que la course aux armements entre les blocs Est et Ouest s'intensifiait, la chanson "99 Luftballons" se classait n°1 des ventes en Allemagne de l'Ouest et s'invitait sur tous les postes de radio européens, chose exceptionnelle puisque interprétée en allemand.
Bien sûr que vous la connaissez : elle raconte l'envolée de 99 ballons qui, prise comme une attaque par les forces armées, entraine une neutralisation militaire et se termine en destruction planétaire.

Est-ce une coïncidence si le symbole du ballon a été réutilisé pour commémorer la chute du mur de Berlin cette année? Nul ne sait. Sur une portion de 15 km du mur ont été disposés 8000 ballons lumineux qui se sont envolés le 9 novembre en mémoire de la chute. Chaque ballon a emporté avec lui une pensée.

On ne peut qu'espérer - encore et encore - qu'un jour, tous les murs de la honte seront abattus.

Le Mémorial du Mur de Berlin
Lichtgrenze, ein Lichtkunstprojekt zum Gedenken an 25 Jahre Mauerfall
25 years Fall of thewWall 2014